Promenade en terre Dayak...

Publié le par notre-tour.over-blog.com

Il est temps pour nous de quitter Benjarmasin, et ce n’est pas sans un certain enthousiasme. Kani nous a organisé les 4 prochains jours, nous n’avons donc plus qu’à nous laisser guider! L’escapade commence par une visite des canaux de Nagara. Cette ville a la particularité d’être fondée sur un marécage et surtout d’être peuplée d’élevages de buffles. Il n’est donc pas rare d’y croiser des « cow-boys » perchés sur des barques et prêts à lancer leur lasso. Malheureusement pour nous, aujourd’hui le faible niveau de l’eau a coincé les buffles à l’extérieur de la ville. Et notre visite se résume en un bis repetita de la veille sur les canaux de Benjarmasin. Seule différence : cette fois, nous avons la version muette. Les habitants sont très rarement confrontés à des étrangers et réagissent de façon beaucoup plus timorée et pudique. Seule la réaction des enfants reste aussi enthousiaste. Avec la brume et la lumière du soleil couchant, il flotte une drôle de mélancolie, renforcée par ce silence.

A la tombée de la nuit, nous rejoignons le village de Loksado, situé en bordure de jungle. Nous y rencontrons le guide et le porteur qui nous accompagneront au cœur de la forêt, à la rencontre des Dayaks.

 

Les Dayaks sont arrivés en – 3000 avant JC, et provenaient probablement d'Indochine car  ils ont des pratiques religieuses  et agricoles (culture du riz) similaires à celles de certaines tribus de cette zone. C'est un peuple anémiste. Leurs villages, perdus dans la jungle, sont batis sur pilotis autour d’une "long-house", grande pièce commune où dorment les adolescents du village et qui sert aussi de site religieux pendant les cérémonies. Les maisons l’entourent et forment tout un réseau relié par des passerelles en bois.

Ce sont les véritables autochtones de Bornéo, mais l'Indonésie mène une politique de transfert de population pour soulager certaines îles trop peuplées. De ce fait, Bornéo est devenue principalement musulmane, car beaucoup de ces résidents actuels proviennent de Java. Les jeunes Dayaks, attirés par les villes, s'éloignent de plus en plus de leur culture qui risque de disparaitre un jour.

 

Le programme de ces 3 prochains jours nous plait bien : petite marche facile et rapide (3h) pour accéder au village, puis partage des activités quotidiennes des Dayaks. La première journée commence alors, au petit matin, au pas de course et en montée… Voilà qui nous réveille ! Nous nous accrochons pour suivre le guide, mais la chaleur humide de la jungle nous fait tout de suite souffrir.

Après 40 minutes de marche (sportive), nous atteignons un premier village où nous retrouvons un couple d’espagnols qui se joint à notre groupe. Nous sommes maintenant six touristes, puisque depuis le début Evo, un hollandais, nous accompagne. La pause est rapide et nous nous remettons à la poursuite de notre guide qui a repris son galop à travers la jungle. Pour une marche facile, on a déjà vu mieux… Voilà trois heures que nous suons, non pas à grosses gouttes mais à torrents. L’arrivée est proche ? « Pas du tout », nous répond le guide, « Encore une heure de marche pour atteindre la cascade où nous ferons une pause déjeuner, et ensuite il restera deux heures trente pour rejoindre le village. »  QUOI ????? A force de m’entendre bougonner, Damien rattrape le guide pour lui expliquer que nous n’avions pas prévu un trek de cette difficulté et qu’il serait bon de ralentir la cadence. Et le guide de nous répondre avec un sourire mi gêné, mi amusé : pas le choix, le village où il est prévu que nous passions la nuit est à 3h30 de marche. Il faut continuer…. Elo reste stoïque, alors j’essaie de faire pareil… Mais le désespoir augmente encore lorsque nous arrivons enfin à la cascade. Certes, la baignade est rafraichissante, mais le déjeuner nous ferait presque pleurer. Il consiste uniquement en une simple soupe de nouilles déshydratées, réchauffée avec l’eau bouillie de la cascade. Alors évidemment l’après-midi les forces nous manquent, et arrivent les premières chutes qui nous font éclater d’un rire nerveux.

Enfin, vers 17h, nous arrivons au village, épuisés et surtout trempés de sueur. Nous avons à peine le courage d’y faire un tour… La rencontre avec les Dayak, ce sera pour demain ! Seul Damien retrouve des forces après le goûter et part, avec Evo, se mêler à un match de volley-ball. Malheureusement pour lui, le terrain est très accidenté, et pris dans le feu de l’action, il se foule méchamment une cheville… Il ne manquait plus que cela !

Qu’importe, une bonne nuit de sommeil réparateur nous attend ! … Doux rêveurs que nous sommes ! Nous avions clairement demandé à partager le quotidien des Dayaks, alors il n’y a aucune raison pour que nous dormions sur un matelas alors qu’eux dorment à même le sol… Avec Elo, nous échangeons quelques regards plein de désespoir, mais jouons les braves. OK, nous dormirons sur le plancher… Forcément la nuit est longue et quand le matin arrive enfin, nous découvrons à la fois rageur et amusés, que les Dayaks, eux, ont dormi sur un beau matelas. Et dans le village, il n’y a pas de toilettes, le jeu à notre réveil consiste donc à trouver un endroit à l’abri des regards mais pas trop enfoncé dans la jungle non plus… Bref, une fois cette épreuve passée, nous nous mettons en route pour la deuxième journée de marche, annoncée comme la plus difficile. Sauf que cette fois, nous sommes en plein milieu d’une forêt primaire peuplée d’arbres de plus de 40 m de hauteur. Nous nous laissons charmer par le décor, et la journée passe toute seule. La fin est quand même plus épique : nous empruntons une piste très étroite, taillée dans la jungle et en pente. Comme il a plu la nuit dernière, le terrain est glissant, et les chutes s’enchaînent à un rythme effréné. Par fierté, nous ne vous dirons pas combien nous en comptabilisons chacun, mais à nous trois le total s’élève à plus de 10 (un grand merci à Elo, qui a fait exploser notre moyenne !)… Quand nous arrivons au second village Dayak, nous sommes un peu choqués : le sol est jonché d’ordures et d’emballages plastique… Certes, tout le village est sur pilotis et plusieurs cochons et chiens sauvages s’affairent sous chaque maison. Mais même les cochons n’ont pas un appétit suffisant pour tout engloutir, et surtout je ne pense pas qu’ils apprécient le plastique ou le carton… Comment un village aussi reculé peut-il avoir accès à tous ces produits de grande consommation sur-emballés ? Dommage que la notion de collecte des ordures n’ait pas été importée aussi rapidement dans leur mode de vie et leurs habitudes... Heureusement, l’intérieur de notre maison « d’accueil » est très propre, à l’image de toutes les autres habitations du village. Et, ô bonheur, cette fois nous avons des matelas ! Elo, a quand même droit à une petite surprise à son réveil : un Dayak est venu dormir à côté d’elle pendant la nuit! Enfin, comme nous dormions tous dans la même pièce (tout notre groupe ainsi que nos hôtes), elle ne risquait pas grand-chose !

Arrive le dernier jour du trek, où nous continuons à souffrir de la chaleur, dans un décor somptueux. Le soulagement est grand quand nous atteignons enfin Loksado. Notre récompense : une descente  sur la rivière locale sur un radeau en bambou. Puis après 3 heures de voiture, nous arrivons à notre hôtel sur Benjarmasin où, ô joie, nous pouvons prendre une douche ! L’expérience fut intense ; et malgré nos petites jérémiades de mise en route, nous avons vécu des moments riches en rencontres et en aventures que nous ne sommes pas prêts d’oublier !

 

Album photo ajouté: Indonésie - Loksado

 

Extraits:

 

INDONESIE-LOKSADO 2765

La ville de Nagara et sa mosquée

 

INDONESIE-LOKSADO 2815

La version Dayak du berceau!

 

P1020773

Petite fille Dayak sautant du haut d'une cascade

de plus de 10m après l'avoir escaladée!!!

 

 

 

 

Publié dans L'Asie

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K
<br /> Coucou ! on vous envoie plein de bisous et on pense a vous pour les moments de galère !!!<br /> <br /> J'ai trop rigole en lisant votre dernier recit. J'imagine que la douche ca devait etre une sacree recompense. Je vous ecris bientot !<br /> <br /> Bon voyage. celine, j'aime bcp ta nouvelle coupe avec la frange :)<br /> <br /> kelly<br /> <br /> <br />
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